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AIR-FRANCE CARGO  ORLY/CDG  et ESCALES

Mémoire du fret AIR-FRANCE

Mission NOUMEA JCC

Fin 1984 à Nouméa, éclate le conflit Kanaks-Caldoches. Le gouvernement décide donc de renforcer
;arsenal militaire pour faire face aux émeutes grandissantes. Deux charters consécutifs
CDG/ANCHORAGE/TOKYO/NOUMEA sont affrétés pour ce faire, soit 27 heures de vol !. Je pars
avec le premier pour traiter les deux cargos. Je suis en compagnie d'un militaire avec qui j';ai préparé
le chargement sur papier dans les jours qui ont précédés. L'avion est plein avec comme pièces
maîtresses 3 VAB (véhicules blindés pesant environ 12T). Chargement à CDG sans aucun problème
presque routinier pour le service chargement de DZG.FK. L'équipage arrive, ils sont 7 chacun des
PEQ est accompagné de son épouse + 1 enfant. Nous sommes donc 9 pour un avion certifié à 8
sièges. Le CDB me dit d'emblée « Pas de souci ma femme décollera derrière moi avec l'enfant sur
les genoux ». Après le décollage comme nous avions 9 heures de vol à perdre, j'ai pu faire le guide
en emmenant toute la petite troupe au pont principal et en leur racontant la longue histoire des
cargos chez AF, tout du moins ce que la tradition orale m'a appris.L'avantage d';avoir des femmes à
bord (attention propos non sexiste ! ) c'est qu'elles maîtrisaient parfaitement tout le coin cuisine, on
sentait l'expérience des vols sur cargos. Nous avons donc été servis comme des rois, dans la mesure
des prestations Servair, qui sont loin d'être celles d'une première classe.
En 1984, les 747 Cargos (74F) d'AF n 'étaient pas encore équipés de couchettes, cette modification
n'interviendra que quelques mois plus tard. Force est donc de s'allonger à même le sol avec les
couvertures (grandes comme des mouchoirs de poche) qui font parties de la dotation avion.
En bon cargonaute j'avais apporté un duvet bien pratique pour dormir par terre !
Arrivés à Anchorage, tout ce petit monde débarque et nous restons le militaire et moi à garder
l'avion en attendant l'équipage de relève. Notre chargement intrigue les américains et je vois une
espèce de militaire emmitouflé dans des fourrures (nous sommes fin décembre) plus curieux que les
autres qui s'intéressent de près aux véhicules blindés. Tout de go je lui dit « Oh Oh Spy !»,,et ça le
calme tout de suite. Les visiteurs quittent l'avion, l'équipage arrive et nous repartons. Le tronçon
Anchorage/Tokyo s'effectue tranquillement et nous en profitons le militaire et moi pour essayer de
dormir un peu.
A Tokyo, arrive l'équipage qui effectue le dernier tronçon : TOKYO/NOUMEA
après les salutations d'usage, première question du CDB « Est-ce qu'ils vous ont mis à boire ? »
Entendez par là : à part de l'eau bien sûr. Je lui réponds donc que oui, une petite bouteille de vin par
accompagnateur comme le veut la réglementation. Il se retourne vers le mécanicien d'escale, lui
demande les clés de son véhicules,le point de parking du vol passagers AF273 et disparaît ! 30
minutes plus tard, notre CDB réapparaît, portant 2 sacs dont le cliquetis en montant l';escabeau ne
laisse aucun doute sur le contenu. Il avait donc été faire son marché sur la 1ère classe du vol
passagers. Le dernier tronçon s'effectue donc au champagne et aux grands crus. Nous arrivons ,
enfin à Nouméa et il est temps pour moi de travailler. Je commence le déchargement. Vient le tour
du premier véhicule blindé mais il refuse de bouger tant il y a de condensation au pont principal,
Les systèmes automatiques de déchargement patinent sous la palette de transport. Il me faut de
l'aide pour pousser mais je suis seul à bord, par contre au sol il y a au moins 20 ou 30 militaires
venus voir la curiosité du jour. J'aperçois un militaire avec plein de galons, je lui demande du
renfort et 2 minutes plus tard j'avais suffisamment de muscles pour pousser et les véhicules sortent
sans problème. Je suis resté 2 jours à Nouméa pour attendre le 2ème cargo qui suivait et avec lequel
je repartais le 2 janvier 1985. Le réveillon à Nouméa sans sa famille, c'est surprenant ! Nous
sommes donc repartis pour un vol NOUMEA/TOKYO/ANCHORAGE/CDG mais cette fois j'étais
accompagné de 2 militaires dont 1 arrivé avec l'avion quelques heures auparavant. L'avion est
presque vide à l'exception d'un hélicoptère Alouette accidenté et de petits matériels.
Nous arrivons à TOKYO et nous sommes positionnés au contact de l'aérogare. Du cockpit nous
pouvons apercevoir le duty free shop. La tentation est grande et nous décidons d'aller y jeter un œil.
Après notre visite , retour vers l'avion et là : contrôle avec portique ! Nous n'avons bien entendu,
aucun papier sur nous, et de surcroît j'ai dans la poche un couteau que tout bon cargonaute doit
avoir, surtout pour le tire-bouchon, (outil qui ne fait pas partie de l'équipement d'un cargo). Longues
explications avec les nippons puis intervention de l'agent d'opération AF et nous pouvons regagner l'avion. « Sayonara » Tokyo et le reste du vol se déroule sans encombre jusqu'à CDG.
Sans être versé dans le secret des cotations pour le prix de tels affrètements, j';ai cru comprendre
que cette opération a rapporté beaucoup d'argent à la compagnie, l'état étant un client qui ne discute
pas les prix. D'autant que pour le tronçon TOKYO/ANCHORAGE/CDG l'avion était plein.

 

 

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