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AIR-FRANCE CARGO  ORLY/CDG  et ESCALES

Mémoire du fret AIR-FRANCE

COMPTE RENDU MISSION RUH GUERRE DU GOLF Jean-Claude COUDERT Gérard DUPANLOUP

REDACTEUR DU COMPTE RENDU  Jean-Claude COUDERT

Le 18 janvier 1991 débutait la phase active de la guerre du Golfe. Très vite l'aviation française à pris conscience que ses avions Jaguar manquaient d'autonomie. Le ministère des armées a donc demandé à Air France de faire un charter rempli de réservoirs supplémentaires à destination de 

Ryad. Une équipe du fret s'est rendue immédiatement à Istres pour préparer le chargement tandis que 3 cargonautes partaient avec l'avion d'Orly dans la soirée. L'avion affecté pour ce transport était le F.BPVO fort heureusement car nous étions 11 à bord : 3PEQ pour l'aller, 3 pour le retour, 3 cargonautes , 1 mécanicien sol + 1 co-pilote formé aux transmissions militaires. Le F.BPVO présentait la particularité d'avoir conservé un pont supérieur non réduit permettant l'adjonction de sièges supplémentaires assez rapidement. (ce ne fût pas le cas pour tous les charters qui suivront et certains voyageront à 11 dans un espace beaucoup plus réduit),

Il nous avait été demandé de venir plus tôt pour un briefing médical !!! Et là 2 médecins nous ont expliqué tous les risques liés à une guerre moderne et la nécessité de porter une tenue NBC (Nuclèaire, Bactériologique, Chimique) pendant le temps d'escale. On nous remet à tous un sac  contenant la tenue (genre celle du film Star Wars) + un sac contenant un masque à gaz + 1 seringue d'atropine au cas où les choses tourneraient plus mal que prévues. Voilà qui rassure tout de suite !

Nous voilà donc partis vers l'avion, mais auparavant il faut passer par la sécurité. J'arrive le premier à ce contrôle, pose mon barda sur la table et l'agent de sécurité commence à fouiller à l'aveugle. Je lui dit haut et fort « Attention à la seringue ! » Il retire précipitemment sa main et je peux lui expliquer qui nous sommes. Il stoppe immédiatement son contrôle et nous partons tous les 11 vers l'avion sans autre forme de procès. Le CDB-aller vérifie les prestations et demande à l'hôtellerie de rajouter un maximum de petites bouteilles de vin destinées aux soldats français, qui ne boivent que du vin sans alcool en Arabie Saoudite. (Le vin sans alcool n'a de vin que l'apparence, les amateurs avertis seront d'accord avec moi). 

Nous décollons d'Orly (sous numéro de vol COTAM ce qui simplifie les choses), A Istres, le chargement nous attend, aligné comme à la parade. Nos collègues aidés par les militaires ont préparé ce vol en un temps record. Pendant ce chargement, au demeurant très simple pas de difficulté particulière, un fumet en provenance du pont supérieur nous flatte les narines. Quelqu'un est en train de faire de la cuisine. Nous décollons et sitôt en palier le CDB sort du four le rôti qui sent si bon et nous explique qu'il l'a fait mariné pendant 24h dans une préparation dont il a le secret mais à tendance très exotique. C'est donc avec grand plaisir que nous dégustons nos plateaux repas d'autant que l'hôtellerie n'a pas hésité à mettre deux bonnes bouteilles (auxquelles seuls ceux qui ne sont pas en fonction ont droit comme le veut le règlement).

J'avais accompagné un charter sur Ryad 3 semaines auparavant, pendant la phase d'observation et j'avais découvert une ruche avec des avions cargos de toute nationalité, et du matériel de piste entreposé un peu n'importe où, ce qui nous a valu de percuter un container bagages et faire une trou dans le capot du GTR 3. Les mécaniciens anglais ont réparé ça en moins de 2 heures, ce qui représente quand même un exploit compte tenu du contexte.

J'arrive de nouveau à Ryad et là, changement de décor, plus un avion civil (à part nous) et des avions militaires à perte de vue, Les ravitailleurs KC135 font la queue au dessus des bouches de ravitaillement kérosène pour faire le plein. Ca décolle, ça atterrit, on sent bien que ça n'a plus rien à voir avec un aéroport civil. 

Par contre le parking fret est presque désert. Le service cargo de la Saoudia étant particulièrement bien équipé, le déchargement s'effectue en un temps record. 

Mais reste le plus dur de la mission : Descendre de l'avion les bouteilles de vin et les porter au véhicule de l'armée française stationné à proximité. Il y a des militaires saoudiens au pied de l'escabeau qui veillent au grain ! Nous décidons d'utiliser l'étui du masque à gaz, qui est suspendu à la ceinture de la jolie tenue NBC que nous avons revêtue pour l'occasion, comme sac de transport. Problème ! Comment empêcher le cliquetis des bouteilles qui s'entrechoquent en descendant les marches ? Nous utilisons tout ce qui est tissus, cartons, papiers et progressons dans l'escabeau à pas de loup. Quelques minutes plus tard : mission accomplie sans encombre, d'autant que nous avons pris soin de détourner l'attention des militaires en leur parlant dans une langue q'ils ne maîtrisaient pas et leur montrant l'arrière de l'avion  où il n'y avait strictement rien à voir.

Les militaires français étaient ravis et nous aussi par la même occasion car nous avions contribué à remonter le moral d'une petite partie de l'armée française.

Nous sommes repartis de RYAD peu apès mais sans rôti cette fois !!!!!

 

Je dédie cet article à mon collègue Gérard Dupanloup qui m'a accompagné sur cette mission.

Un grand professionnel parti trop tôt.

 

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